par soeur Marie Ann Prefontaine
Le mardi, mon premier jour à Matamoras au Mexique, j’errais parmi les nombreuses tentes dressées le long de la place internationale et je me suis trouvée près d’une Africaine isolée, assise sur le trottoir de ciment près du bâtiment fédéral mexicain de l’immigration. Je me suis présentée en disant « hello ». Ses premiers mots suppliants furent « je ne parle qu’anglais ! » sur quoi je répliquai « moi aussi, c’est tout ce que je connais. » Elle était assise là, en attendant que les officiels du bâtiment fédéral lui donnent son numéro. Au cours des journées suivantes, j’ai entendu son histoire.
Sham vient de l’Ouganda où son mari est en prison (pourquoi ? pas certain). Elle est enceinte de 8 mois d’un enfant conçu suite à un viol. Elle a deux enfants – Trey, un garçon turbulent de 4 ans et Jasmine, une mignonne fillette de 2 ans au sourire magnifique. Sham et ses enfants ont voyagé de l’Ouganda vers l’Ethiopie, la Belgique, l’Argentine et sont arrivés à Mexico où ils sont détenus maintenant. Finalement, j’ai découvert qu’elle a une soeur à Des Moines, Iowa, Etats-Unis – la destination qu’elle désire.
Comme tant de demandeurs d’asile, elle et ses deux enfants vivent dans une petite tente près du pont international. Elle avait une amie dans une tente voisine – malgré la difficulté des barrières de langue. Le mercredi, j’ai parlé à Charlene, l’avocate récemment arrivée de légistes pour un bon gouvernement, de l’histoire de Sham et de son isolement à cause de la langue et de la race. Charlene l’a rencontrée le jeudi. Sr Gerry gardait une Jasmine « en train de pleurer après sa maman » dans la salle d’attente du Centre de ressources. J’ai gardé Trey à l’extérieur puisqu’il se battait avec les autres enfants dans le Centre. Je réalisais que la conduite agressive bien connue de Trey provenait de sa frustration. Il essayait tellement d’être « l’homme » de la famille en prenant soin de sa maman, cependant frustré par une incapacité de communiquer. Il parlait sa langue locale africaine, un peu d’anglais vu qu’il est trop jeune pour l’école et il avait appris quelques mots d’espagnol pendant ses deux mois et demi au camp.
Le vendredi, Sham nous a dit qu’ils pourraient quitter le camp à un certain moment de la semaine suivante. Des nouvelles pleines d’espoir! Le samedi, nous devions trouver Sham pour un rendez-vous médical. La chance est vite arrivée, mais alors nous avons découvert que le docteur ne parlait qu’espagnol. Heureusement, on a trouvé un traducteur d’anglais. Une fois de plus, Sr. Gerry et moi-même étions les abuelitas (les petites grand-mères comme les gens nous appelaient) pour Trey et Jasmine. Après l’examen, Charlene nous a tous rencontrés. Elle a dit à Sham d’aller faire ses paquets, d’attendre dans sa tente, et quelqu’un serait là d’ici une heure ou deux pour lui faire passer le pont ! Quelles nouvelles étonnantes du mardi au samedi. Je n’étais pas tout à fait certaine de la manière dont tout cela s’était fait. Des langes, du lait en poudre, des vêtements et des chaussettes remplirent la valise et les sacs à dos des enfants. La maman avait un manteau d’hiver (il faisait très froid à Matamoras), mais les enfants n’avaient que leurs pulls. Nous avons dit au revoir alors qu’ils étaient assis dans leur tente, prêts à partir comme les Israélites qui quittaient l’Egypte en espérant entrer dans leur terre promise – Etats-Unis.
Ce ne fut que le jeudi suivant, quand Sr. Gerry put retourner au Centre de ressources à Matamoras que nous savons appris qu’ils étaient entrés aux Etats-Unis ce samedi-là et qu’ils sont probablement à Des Moines au moment où j’écris.
Bonne nouvelle pour une petite famille qui peut commencer une nouvelle vie après un très long voyage. Dieu est si bon.