Vendredi Saint – Soeur Honorine Yamba, SNDdeN
Jean 18, 1-19, 42
le 2 avril, 2021
Nous célébrons le premier jour du Triduum pascal. C’est donc le jour de la croix victorieuse, d’où Jésus nous a laissé le meilleur de Lui-même: Marie comme mère, le pardon —à ses bourreaux aussi— et la confiance totale en Dieu le Père.
Nous l’avons entendu dans la lecture de la Passion d’après le témoignage de saint Jean, présent sur le Calvaire avec Marie, la Mère du Seigneur, et les saintes femmes. C’est un récit riche en symboles, où chaque petit détail a un sens. Mais le silence et l’austérité de l’Église, aujourd’hui, nous aident aussi à vivre dans un climat d’oraison, bien attentifs au don que nous célébrons.
Lors des absoutes, le prêtre nous invite de garder un moment de silence et de penser aux bons moments passés avec la personne décédée. C’est vraiment un temps de communion. Aujourd’hui nous souffrons avec le Christ, arrêtons-nous, laissons tout ce que nous sommes en train de faire et regardons autour de nous, dans nos propres familles biologique et religieuse dans nos ministères, dans nos communautés respectives, dans notre monde marqué par les effets de Covid-19, dans nos cœurs etc. Quelle est le sens de la passion pour moi? Pour toi? Si la passion ne nous affecte pas, nous ne sommes plus chrétiens.
Perdre un être cher est un moment de ténèbres, d’abandon et de désespoir. On se sent seule et on est plongé dans sa solitude. Tout tourne autour de la disparition de celui ou celle qu’on a chéri. Jésus dans sa souffrance est attentif aux souffrances des autres. A son arrestation, Il dira: « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. » (Jn 18, 8) A la brutalité de Pierre qui coupa l’oreille du serviteur de grand prêtre Il dira « Remets ton épée au fourreau, la coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » (Jn18, 11)
Jésus s’est fait homme jusqu’à la mort et à la mort sur une croix. Mais ce fut une mort acceptée pour le rachat de tous, une mort rédemptrice, une mort qui nous donne laVIE.
Quand j’étais petite, je me souviens d’une tradition significative qui se passait au moment d’enterrer quelqu’un qui a bien vécu. Il y avait une petite corbeille avec les semences prises dans ses récoltes et déposées au pied du cercueil. Au moment de la levée du corps, la personne qui portait le nom du défunt passait trois fois sous le cercueil avec le petit panier contenant les grains. Signe de bénédiction. Ses semences seront partagées aux membres proches du défunt. Ils les plantaient et souvent la récolte était féconde. Ce sont les fruits de reconaissance.
Jésus sur la croix se donne en sacrifice pour nous. Nous nous sentons avant tout reconnaissantes et plein d’admiration. Nous savons le prix de l’amour: «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jn 15,13). La prière chrétienne ne consiste pas seulement à demander, mais —avant tout— à admirer avec reconnaissance.
Jésus, pour nous, est un modèle qu’il faut imiter, Nous devons être des personnes qui aiment jusqu’à se donner même dans les petites choses.
Voilà qui contraste avec l’atmosphère indifférente de notre société; c’est pourquoi notre témoignage doit être plus courageux que jamais, car le don est à tous. Comme le dit Méliton de Sardes, «Il nous a fait passer de l’esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Il est la Pâque de notre salut».
Jean 18, 1-19, 42
Après ces mots, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du ruisseau du Cédron. Il y avait là un jardin dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, celui qui le trahissait, connaissait aussi l’endroit, parce que Jésus et ses disciples y étaient souvent venus ensemble. Judas se rendit donc au jardin, emmenant avec lui une troupe de soldats et des gardes fournis par les chefs des prêtres et le parti des Pharisiens; ils étaient armés et portaient des lanternes et des flambeaux. Alors Jésus, qui savait tout ce qui devait lui arriver, s’avança vers eux et leur demanda: «Qui cherchez-vous?» Ils lui répondirent: «Jésus de Nazareth.» Jésus leur dit: «C’est moi.» Et Judas, celui qui le leur livrait, se tenait là avec eux. Lorsque Jésus leur dit: «C’est moi», ils reculèrent et tombèrent à terre. Jésus leur demanda de nouveau: «Qui cherchez-vous?» Ils dirent: «Jésus de Nazareth.» Jésus leur répondit: «Je vous l’ai déjà dit, c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez partir les autres.»
C’est ainsi que devait se réaliser la parole qu’il avait dite: «Je n’ai perdu aucun de ceux que toi, Père, tu m’as confiés.» Simon Pierre avait une épée; il la tira, frappa le serviteur du grand-prêtre et lui coupa l’oreille droite. Ce serviteur s’appelait Malchus. Mais Jésus dit à Pierre: «Remets ton épée dans son fourreau. Penses-tu que je ne boirai pas la coupe de douleur que le Père m’a donnée?»
Jésus est amené devant Hanne
La troupe de soldats avec leur commandant et les gardes des autorités juives se saisirent alors de Jésus et le ligotèrent. Ils le conduisirent tout d’abord chez Hanne. Celui-ci était le beau-père de Caïphe qui était grand-prêtre cette année-là. Or, c’est Caïphe qui avait donné ce conseil aux autorités juives: «Il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour tout le peuple.»
Simon Pierre et un autre disciple suivaient Jésus. Cet autre disciple était connu du grand-prêtre, si bien qu’il entra en même temps que Jésus dans la cour intérieure de la maison du grand-prêtre. Mais Pierre resta dehors, près de la porte. Alors l’autre disciple, celui qui était connu du grand-prêtre, sortit et parla à la femme qui gardait la porte, puis il fit entrer Pierre. La servante qui gardait la porte dit à Pierre: «N’es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme-là?» – «Non, je n’en suis pas», répondit-il.
Il faisait froid; c’est pourquoi les serviteurs et les gardes avaient allumé un feu autour duquel ils se tenaient pour se réchauffer. Pierre aussi se tenait avec eux et se réchauffait.
Le grand-prêtre interrogea alors Jésus sur ses disciples et sur l’enseignement qu’il donnait. Jésus lui répondit: «J’ai parlé ouvertement à tout le monde; j’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le temple, où se rassemblent tous les Juifs; je n’ai rien dit en cachette. Pourquoi m’interroges-tu? Demande à ceux qui m’ont entendu ce que je leur ai dit: ils savent bien, eux, de quoi je leur ai parlé.» A ces mots, un des gardes qui se trouvaient là donna une gifle à Jésus en disant: «Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre?» Jésus lui répondit: «Si j’ai dit quelque chose de mal, montre-nous en quoi; mais si ce que j’ai dit est juste, pourquoi me frappes-tu?» Hanne l’envoya alors, toujours ligoté, à Caïphe le grand-prêtre.
Pendant ce temps, Simon Pierre, lui, restait là à se réchauffer. On lui demanda: «N’es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme?» Mais Pierre le nia en disant: «Non, je n’en suis pas.» L’un des serviteurs du grand-prêtre, qui était parent de l’homme à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit: «Est-ce que je ne t’ai pas vu avec lui dans le jardin?» Mais Pierre le nia de nouveau. Et à ce moment même un coq chanta.
Puis on emmena Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur romain. C’était tôt le matin. Mais les chefs juifs n’entrèrent pas dans le palais afin de ne pas se rendre impurs et de pouvoir manger le repas de la Pâque. C’est pourquoi le gouverneur Pilate vint les trouver au dehors. Il leur demanda: «De quoi accusez-vous cet homme?» Ils lui répondirent: «Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne serions pas venus te le livrer.» Pilate leur dit: «Prenez-le vous-mêmes et jugez-le selon votre loi.» – «Nous n’avons pas le droit de condamner quelqu’un à mort», répondirent-ils.
C’est ainsi que devait se réaliser la parole que Jésus avait dite pour indiquer de quelle mort il allait mourir. Pilate rentra alors dans le palais; il fit venir Jésus et lui demanda: «Es-tu le roi des Juifs?» Jésus répondit: «Dis-tu cela parce que tu y as pensé toi-même ou parce que d’autres te l’ont dit de moi?» Pilate répondit: «Suis-je un Juif, moi? Ceux de ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi; qu’as-tu donc fait?» Jésus répondit: «Mon royaume n’appartient pas à ce monde; si mon royaume appartenait à ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour empêcher qu’on me livre aux autorités juives. Mais non, mon royaume n’est pas d’ici-bas.» Pilate lui dit alors: «Tu es donc roi?» Jésus répondit: «Tu le dis: je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ce que je dis.» – «Qu’est-ce que la vérité?» lui demanda Pilate.
Après ces mots, Pilate alla de nouveau trouver les Juifs au dehors. Il leur déclara: «Je ne trouve aucune raison de condamner cet homme. Mais selon la coutume que vous avez, je vous libère toujours un prisonnier à la fête de la Pâque. Voulez-vous que je vous libère le roi des Juifs?» Ils lui répondirent en criant: «Non, pas lui! C’est Barabbas que nous voulons!» Or, ce Barabbas était un brigand. Alors Pilate ordonna d’emmener Jésus et de le frapper à coups de fouet. Les soldats tressèrent une couronne avec des branches épineuses et la posèrent sur la tête de Jésus; ils le revêtirent aussi d’un manteau rouge. Ils s’approchaient de lui et lui disaient: «Salut, roi des Juifs!» Et ils lui donnaient des gifles.
Pilate sortit une nouvelle fois et dit à la foule: «Eh bien, je vais vous l’amener ici, dehors, afin que vous compreniez que je ne trouve aucune raison de condamner cet homme.» Jésus sortit donc; il portait la couronne d’épines et le manteau rouge. Et Pilate leur dit: «Voilà l’homme!» Mais lorsque les chefs des prêtres et les gardes le virent, ils crièrent: «Cloue-le sur une croix! Cloue-le sur une croix!» Pilate leur dit: «Allez le clouer vous-mêmes sur une croix, car je ne trouve personnellement aucune raison de le condamner.» Les Juifs lui répondirent: «Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir, car il a prétendu être le Fils de Dieu.» Quand Pilate entendit ces mots, il eut encore plus peur. Il rentra dans le palais et demanda à Jésus: «D’où es-tu?» Mais Jésus ne lui donna pas de réponse. Pilate lui dit alors: «Tu ne veux pas me répondre? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher et aussi celui de te faire clouer sur une croix?» Jésus lui répondit: «Tu n’as aucun pouvoir sur moi à part celui que Dieu t’a accordé. C’est pourquoi, l’homme qui m’a livré à toi est plus coupable que toi.»
Dès ce moment, Pilate cherchait un moyen de relâcher Jésus. Mais les Juifs se mirent à crier: «Si tu relâches cet homme, tu n’es pas un ami de l’empereur! Quiconque se prétend roi est un ennemi de l’empereur!» Quand Pilate entendit ces mots, il fit amener Jésus dehors; il s’assit sur le siège du juge à l’endroit appelé «Place pavée» – qu’on nomme «Gabbatha» en hébreu. C’était le jour qui précédait la fête de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs: «Voilà votre roi!» Mais ils se mirent à crier: «A mort! A mort! Cloue-le sur une croix!» Pilate leur dit: «Faut-il que je cloue votre roi sur une croix?» Les chefs des prêtres répondirent: «Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur.» Alors Pilate leur livra Jésus, pour qu’on le cloue sur une croix.
Ils emmenèrent donc Jésus. Celui-ci dut porter lui-même sa croix pour sortir de la ville et aller à un endroit appelé «le lieu du Crâne» – qu’on nomme «Golgotha» en hébreu. C’est là que les soldats clouèrent Jésus sur la croix. En même temps, ils mirent deux autres hommes en croix, de chaque côté de Jésus, qui se trouvait ainsi au milieu. Pilate ordonna aussi de faire un écriteau et de le mettre sur la croix; il portait cette inscription: «Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.» Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car l’endroit où l’on avait mis Jésus en croix était près de la ville et l’inscription était en hébreu, en latin et en grec. Alors les chefs des prêtres juifs dirent à Pilate: «Tu ne dois pas laisser cette inscription “le roi des Juifs” mais tu dois mettre: “Cet homme a dit: Je suis le roi des Juifs.”» Pilate répondit: «Ce que j’ai écrit reste écrit.»
Quand les soldats eurent mis Jésus en croix, ils prirent ses vêtements et les divisèrent en quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, tissée en une seule pièce du haut en bas. Les soldats se dirent les uns aux autres: «Ne déchirons pas cette tunique, mais tirons au sort pour savoir à qui elle appartiendra.» C’est ainsi que devait se réaliser le passage de l’Écriture qui déclare:
«Ils se sont partagé mes habitset ils ont tiré au sort mon vêtement.»Voilà ce que firent les soldats.
Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie la femme de Clopas et Marie du village de Magdala. Jésus vit sa mère et, auprès d’elle, le disciple qu’il aimait. Il dit à sa mère: «Voici ton fils, mère.» Puis il dit au disciple: «Voici ta mère.» Et dès ce moment, le disciple la prit chez lui.
Après cela, comme Jésus savait que, maintenant, tout était achevé, il dit pour accomplir le texte de l’Écriture: «J’ai soif.» Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats trempèrent donc une éponge dans le vinaigre, la fixèrent à une branche d’hysope et l’approchèrent de la bouche de Jésus. Jésus prit le vinaigre, puis il dit: «Tout est achevé!» Alors, il baissa la tête et mourut.Un soldat perce le côté de Jésus
C’était vendredi et les chefs juifs ne voulaient pas que les corps restent sur les croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat-là était spécialement important; ils demandèrent donc à Pilate de faire briser les jambes des crucifiés et de faire enlever les corps. Alors les soldats vinrent briser les jambes du premier condamné mis en croix en même temps que Jésus, puis du second. Quand ils arrivèrent à Jésus, ils virent qu’il était déjà mort; c’est pourquoi ils ne lui brisèrent pas les jambes. Mais un des soldats lui perça le côté avec sa lance, et du sang et de l’eau en sortirent aussitôt. L’homme qui témoigne de ces faits les a vus, et son témoignage est vrai; il sait, lui, qu’il dit la vérité. Il en témoigne afin que vous aussi vous croyiez. En effet, cela est arrivé pour que ce passage de l’Écriture se réalise: «On ne lui brisera aucun os.» Et un autre texte dit encore: «Ils regarderont à celui qu’ils ont transpercé.»
Après cela, Joseph, qui était d’Arimathée, demanda à Pilate l’autorisation d’emporter le corps de Jésus. – Joseph était un disciple de Jésus, mais en secret parce qu’il avait peur des autorités juives. – Et Pilate le lui permit. Joseph alla donc emporter le corps de Jésus. Nicodème, cet homme qui était allé trouver une fois Jésus pendant la nuit, vint aussi et apporta environ trente kilos d’un mélange de myrrhe et d’aloès. Tous deux prirent le corps de Jésus et l’enveloppèrent de bandes de lin, en y mettant les huiles parfumées, comme les Juifs ont coutume de le faire quand ils enterrent leurs morts. A l’endroit où l’on avait mis Jésus en croix, il y avait un jardin, et dans ce jardin il y avait un tombeau neuf dans lequel on n’avait jamais déposé personne. Comme c’était la veille du sabbat des Juifs et que le tombeau était tout proche, ils y déposèrent Jésus.